La Cabane dans les Bois – La Revue (0% de spoilers)

La Cabane dans les Bois (The Cabin in the Woods en V.O., un poil plus classe) est un film réalisé par Drew Goddard et produit/co-écrit par Joss Whedon qui sort en France le 2 mai et qui pourrait bien révolutionner le cinéma de genre.

Au début, je voulais me contenter de quelques mots pour cette revue, et ça aurait donné quelque chose comme « WOW. PUTAIN. WOW. JE. WOW. ALLEZ LE VOIR. CIAO. », mais après je me suis dit que vous méritiez quand même un peu mieux que ça. J’ai donc laissé la nuit me porter conseil, le temps de commencer à atterrir après cette immense claque, et je me suis mise au boulot. Mais si avant même de lire cette revue vous vous êtes dit « rien à foutre, de toute façon, j’vais le voir » alors fermez cette fenêtre. Ne lisez pas ma revue, ne rematez pas les bandes-annonces et clips divers, contentez-vous du peu que vous savez pour le moment et allez le voir – après vous aurez le droit de revenir. Mais moins on en sait sur La Cabane dans les Bois, mieux c’est.

Pour les autres, les désobéissants et les impatients, commençons donc cette revue qui, je le rappelle, contient absolument ZÉRO spoiler – je ne parle strictement pas de l’intrigue, donc vous pouvez quand même y aller tranquille.

La Cabane dans les Bois c’est, en apparence, l’histoire de cinq jeunes qui vont faire les dingos dans une cabane au fond des bois le temps d’un week-end – sauf que l’accroche du film nous a mis en garde avec un « Vous croyez connaître l’histoire… EH BAH NON BANDE DE NERDS, VIENDEZ LÀ QU’ON VOUS TIRE LES OREILLES UN PEU » – et le moins qu’on puisse dire, c’est que la promesse a été tenue. Et donc à partir de là, vous vous doutez bien que je ne peux strictement rien vous dire de plus sur le film, sous peine de vous ruiner totalement l’expérience, et ce serait fort dommage. Mon premier réflexe en sortant de la salle, après avoir hurlé de joie, ça a été de clamer haut et fort que La Cabane dans les Bois est le nouveau Scream. Et là, il faut donc que je m’explique.

Pourquoi La Cabane dans les Bois est le nouveau Scream

Souvenez-vous, en 1996, un petit film de Wes Craven faisait son apparition sur les écrans zétazuniens – pour la première fois, on nous offrait un film d’horreur qui avait conscience d’être un film d’horreur. Les règles ont été énoncées, histoire de montrer qu’on nous prenait pas pour des cons, ni nous ni les personnages du film, puis respectées – avec un petit truc en plus qui en a fait le film culte qu’il est devenu. Je sais pas si c’est une histoire de génération, parce que j’avais 10 piges quand je l’ai vu ou quoi, mais Scream restera, pour moi, l’une des œuvres qui aura eu le plus d’impact sur le cinéma de genre. Quand on me demande quel est mon film d’horreur préféré (hohoho), j’ai tendance à répondre Scream – pas parce qu’il fait plus peur, pas parce qu’il est mieux que les autres, pas parce qu’il a une valeur sentimentale – mais parce que j’ai beau l’avoir vu 874657 fois, je n’arrive pas à me remettre de l’intelligence scénaristique de ce film. Après, libre à vous de me jeter des tomates pour exprimer votre désaccord, hein, je ne prétends pas détenir la vérité ultime. Simplement, je pense qu’on ne peut pas ignorer l’impact que Scream a eu sur le cinéma d’horreur, ce serait idiot de tenter de le diminuer.

Pourquoi toute cette tirade sur Scream ? Pour bien illustrer ce que je veux dire par « La Cabane dans les Bois est le nouveau Scream ». Ce film élève à un autre niveau le concept du « film qui a conscience d’être un film d’horreur » – ça va au-delà de ça, ça se passe à différents niveaux, à l’aide de procédés différents – mais l’esprit, le concept, restent assez proches de la démarche de Wes Craven en 1996. La Cabane dans les Bois est lui aussi conscient des codes qu’il est censé respecter, mais en plus, il se paye le luxe de leur donner un nouveau sens, une autre dimension. Il reprend les clichés familiers, dont on se plaint souvent mais qui nous rassurent, qui nous donnent un sentiment de sécurité – on sait vers quoi on va, pourquoi on y va, où ça va nous mener, et en combien d’étapes – mais il choisit de ne surtout pas nous caresser dans le sens du poil. Et en faisant ça, il nous prouve que Drew Goddard et Joss Whedon ont un immense respect pour le genre et ses fans. Tout comme je me sers de Scream pour répondre à la question dont personne ne semble se lasser (et je peux le comprendre), à savoir « Mais… Qu’est-ce qui peut bien te plaire dans les films d’horreur ?! » – on va également pouvoir ajouter La Cabane dans les Bois à cette (courte) liste de films qui peuvent avoir un côté pédagogique, scolaire, sur lesquels on s’appuie pour illustrer tout un tas de choses.

Une lettre d’amour au cinéma d’horreur

Là c’est le moment où je raconte un peu ma vie : La Cabane dans les Bois a été tourné en 2009, et depuis, on l’attendait comme des nouilles. On a patienté longtemps pour une date de sortie qui ne serait pas annulée quelques semaines après. Quand enfin on a compris que c’était la bonne, qu’on l’aurait quoi qu’il arrive entre avril et mai 2012, ça a été l’hystérie. On guettait tous l’arrivée d’un teaser, de photos de tournages, n’importe quoi à se mettre sous la dent. Puis le teaser est arrivé, et la bande-annonce, et la deuxième bande-annonce, et les spots TV, et un nouveau teaser, et des clips, etc, etc. (je me suis arrêtée aux premiers spots TV perso, j’en voulais pas plus). Lorsque j’ai visionné la bande-annonce complète pour la première fois, j’ai été partagée entre deux émotions : l’euphorie complète, et le doute soudain. D’un coup, j’ai commencé à flipper : j’avais très peur de l’angle choisi, peur que ça se transforme en Cube-like, ou piiiire, en Saw-like – ou tout simplement en fiction chiante, tirée par les cheveux. Peur aussi que le trailer en ait beaucoup trop dit, du coup j’étais plus très sûre d’être aussi intéressée.

Et puis je me suis (enfin) retrouvée devant le film, et je me suis pris une tarte, puis deux, puis un gros uppercut dans la gueule, et j’ai dû me retenir de taper frénétiquement dans mes mains comme un gosse au cirque. À chaque fois qu’on croit savoir ce qui va se passer, où on nous emmène et comment ça va finir, La Cabane dans les Bois renverse tout et continue à nous surprendre, jusqu’à la dernière minute. Comme Scream a l’époque (on y revient), il parvient à être à la fois un film d’horreur et un film qui se moque des films d’horreur (sans pour autant leur manquer de respect). Scream avait exposé les règles, et La Cabane dans les Bois les explique. Le troisième acte du film est une lettre d’amour aux fans de genre, il offre tout ce dont on avait toujours rêvé sans oser le demander (puisqu’on croyait ça impossible). Ça fait un peu le même effet que si on vous proposait de réaliser votre plus gros fantasme – jusqu’au bout, on a du mal à croire que ça puisse arriver, et puis finalement si, et on reste scotché à son siège, haletant, en cherchant nos mouchoirs à tâtons.

Et pour ne rien gâcher, les acteurs sont tous absolument impeccables, bluffants même pour certains, les dialogues sont parfaits, les gags tombent pile au bon moment et ne s’attardent jamais trop, rien ne tombe à plat – bref, La Cabane dans les Bois frôle la perfection de très, très près.

Et je vais m’arrêter là parce que je suis prête à vous écrire une thèse sur le sujet s’il le faut, mais pas sûre que ça vous passionne autant que moi, donc je vais me contenter de vous supplier d’aller le voir, d’emmener vos potes, vos parents, vos voisins – ne le téléchargez pas, je suis la première à dire que le cinéma, ça coûte vraiment la peau du cul, mais pour le coup La Cabane dans les Bois mérite vraiment qu’on y lâche nos euros. Si par miracle vous faites partie de cette minorité de gens qui n’aiment pas le film, je vous autorise à revenir me crier dessus, mais je vous préviens, je n’aurai absolument aucun remord. Il faut soutenir le cinéma de genre, je me tue à vous le dire, et là c’est vraiment la meilleure occasion de le faire – alors foncez, faites les choses correctement, allez poser vos fesses au ciné et laissez-vous porter.

Rappel : le film sortira le 2 mai en France, notez bien cette date et comptez de toute façon sur moi pour vous le rappeler d’ici là, et pitié, allez-y.

59 réflexions sur “La Cabane dans les Bois – La Revue (0% de spoilers)

  1. ooh my god ! c’est un trésor que tu me donnes merci encore hihi ^^. elle est incroyable cette liste explicative. je comprends mieux tout à coup 🙂

  2. Personnellement, je n’ai pas du tout aimé ce film .-.
    En même temps je l’ai regardé dans un moment où je ne souhaitait pas réfléchir, c’était sans bande-annonce ni aucune idée autre que « C’est un de l’horreur ? Bon, allez, pourquoi pas. » et je regardais la série des Saw et était plongée dedans.
    J’ai trouvé l’histoire complètement con-con et dénuée de sens concret. Je ne l’ai raccroché à roen qui puisse le rendre réel et le seul concept que je lui ai trouvé fut « WAAAAH DU SANG PARTOUUUUUT » Et voilà tout ._.
    M’enfin, chacun dira ce qu’il voudra je dirai 😉

  3. « WOW. PUTAIN. WOW. JE. WOW. ALLEZ LE VOIR. CIAO. »
    —-> C’est à peu près ce que j’ai dis à mes potes. ^^
    The Cabin in the Woods met une mégaclaque, de celles qui n’arrivent que trop rarement!

    Et surtout merci Jack Parker. Tes chroniques sont délicieuses à lire, à vrai dire je me marre toutes les 30 secondes, et à visionner aussi. Tu cartonnes.
    Longue vie aux chroniques de l’horreur!

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  5. MERCI MERCI MERCI ! Je viens de voir ce film, et c’est à la fois une gigantesque claque et un putain d’orgasme jubilatoire et cinématographique. J’étais assez confiant avec Joss Whedon dans le projet, mais là ça a dépassé mes espérances. Le film se joue des codes de l’épouvante et de l’horreur tout en leur rendant hommage, c’est très fort. C’est drôle, enthousiasmant, inhabituel, et carrément fait pour ceux qui en ont marre des sempiternelles resucées horrifiques qui n’inventent rien. La dernière demi heure est monstrueuse de jubilation (encore) et l’apparition de S. m’a fait hurler de bonheur.
    Bref, merci à toi, je suis joie quand le cinéma me procure de telles émotions.

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