Le Retour des Morts Vivants (1985)

Réalisé par Dan O’Bannon

Revue spéciale nostalgie aujourd’hui ! Le Retour des Morts Vivants occupe une place toute particulière dans mon coeur, parce qu’il s’agit du tout premier film d’horreur dont je me souvienne. Si ce n’est pas le tout premier film d’horreur que j’ai vu (j’étais trop jeune pour me souvenir des premiers), il reste mon premier souvenir. Je me revois à 3-4 ans, assiste par terre devant une petite télé, complètement morte de rire devant la scène du cadavre-sans-tête. Pendant longtemps, quand je revisitais ce souvenir, j’y voyais non pas un cadavre, mais un mannequin en plastique, réanimé et sans tête. C’est pour ça que j’ai mis quelques années avant de remettre la main sur le film et de l’identifier. Depuis, je m’y replonge assez régulièrement, et toujours avec le même plaisir. Parce qu’en dehors de sa valeur sentimentale, Le Retour des Morts Vivants est aussi un putain de bon film.

Le film s’ouvre sur la mention suivante :

…ce qui pose un peu l’ambiance du film. Rien n’est pris au sérieux, et c’est très bien comme ça.

Tout part d’un incident survenu dans un entrepôt de matériel médical (squelettes pour cours de bio, moitiés de chiens pour cabinets vétérinaires et autre joyeusetés), lorsqu’un employé, Burt, fait visiter les lieux au nouveau venu, le jeune Freddy. Titillé par la singularité des lieux, et la présence d’un cadavre frais dans la chambre froide, Freddy demande à Burt de lui raconter la chose la plus étrange qu’il ait vue dans cet entrepôt. Burt lui raconte donc que La Nuit des Morts Vivants (oui, le film de Romero), est en réalité basé sur des faits réels et qu’une substance chimique a effectivement ramené les morts à la vie… en 1969. Or, et ça c’est cadeau bonux pour les gros horror geeks comme moi : La Nuit des Morts Vivants est sorti en 1968. Et là, c’est le moment où tu ricanes comme un con en toisant tes potes qui n’ont pas saisi l’erreur (une erreur probablement intentionnelle).

Bref. Burt explique que les morts vivants ont été maîtrisés et placés dans des containers scellés – que l’armée a malencontreusement envoyé à la mauvaise adresse et qui ont atterri dans la cave de l’entrepôt. Il emmène donc le jeune Freddy jeter un coup d’oeil, et, voulant le rassurer en vantant les mérites de la solidité des containers, casse tout et laisse un gaz chimique s’échapper. Ce même gaz qui a le pouvoir de ramener les morts à la vie.

Histoire d’augmenter les effectifs, le patron est appelé en renfort, l’entrepreneur des pompes funèbres d’à côté également et surtout, surtout… la bande de potes de Freddy débarque pour venir le chercher à la sortie du boulot. La bande de potes en question ressemble à ça :

Avec des noms tels que Suicide, Trash, Spider ou Scuz, encore une fois, ça pose l’ambiance. Le personnage que tout le monde retiendra, c’est Trash (Linnea Quigley, vue plus tard dans Le Cauchemar de Freddy, qui n’apparaît d’ailleurs que dans des films d’horreur). Jeune punkette à la tignasse rouge qui a apparemment beaucoup de mal à garder ses vêtements plus de 30 minutes, et qui se retrouvera donc cul nul pendant la majorité du film. Elle a fait fantasmer tous les ados des années 80 à l’époque et, encore aujourd’hui, reste une icône du genre, uniquement grâce à cette prestation. Faut dire que quand on la voit danser à poil sur une tombe, difficile de rester indifférent. Stéréotype de l’ado rebelle en puissance, elle ne pense qu’à la mort et fantasme sur différentes façons de crever. Son fantasme ultime : mourir dévorée par une bande de vieux types. Ouaip.

Mais les autres personnages ne sont pas en reste. C’est, entre autres, ce qui fait la force de ce film. Ernie, Mr. Pompes Funèbres, est assez particulier dans son genre. Si de prime abord, on peut le trouve sympathique – notamment grâce au jeu de l’acteur, Don Calfa, absolument excellent – les choses se compliquent un peu au bout de plusieurs visionnages. Et nos soupçons sont même confirmés par le commentaire DVD de Dan O’Bannon : à l’origine, Ernie devait être un nazi en fuite. Ce qui explique le fait qu’il écoute « Panzer rollen in Afrika vor » dans sa première scène, qu’il possède une arme allemande (un Walther P38) et qu’il lâche trois mots en allemand en regardant la pluie tomber. Le fait qu’il s’y connaisse bien en matière de crématorium est également sur la liste des particularités qui devaient renforcer la version nazie du personnage.

Dans Le Retour des Morts Vivants, il n’y a pas que les vivants qui ont acquis un statut d’icône. Le zombie échappé du container est extrêmement populaire auprès des amateurs du genre. Il a même un petit nom : Tarman. Si vous prononcez ce nom en présence de fans de zombie flicks, ça devrait suffire à attirer l’attention. Il dégouline, il est tout pourri, il marche comme un pantin désarticulé, et il crie « Brrraaaaaiiiinns !!! » – on peut pas faire plus zombie que lui.

D’ailleurs, parlons-en des zombies. 28 Jours Plus Tard est réputé pour avoir lancé la mode des zombies énervés qui courent très vite et qui sont plus enragés qu’autre chose, mais ce n’est pas le premier film à l’avoir fait. Dans Le Retour des Morts Vivants, les zombies courent aussi, vite et sans hésitations – mieux encore : ils crient, parlent (peu, mais ça reste assez rare pour être souligné) et surtout, PENSENT. Ils utilisent ce qui leur reste de cerveau (quand ils leur en reste un) pour se faire livrer de la chair fraîche. Tarman n’hésite pas à utiliser un système de poulie pour déloger la copine de Freddy, cachée dans un placard à balais. On est loin des zombies complètement à la ramasse qui foncent dans les murs et s’écroulent mollement à chaque pas. Pire encore, vous pouvez leur couper la tête, les découper en petits morceaux, leur balancer de l’acide : ils reviennent toujours. Ces zombies là ne meurent pas, à moins d’être complètement réduits en cendres.

On est quand même dans les années 80, mais les effets spéciaux tiennent grave la route. Là où je me tape toujours une petite barre, c’est quand les zombies croquent allègrement dans les crânes de leur victimes et que le bruitage est le même que s’ils croquaient dans une pomme. A ce propos, Le Retour des Morts Vivants marquent encore une fois sa différence en donnant une explication à ce besoin de cerveaux. Je vais pas non plus tout vous dévoiler, donc il vous faudra regarder le film pour découvrir cet extraordinaire secret.

Le film est également bourré de petits détails qui se découvrent à chaque nouveau visionnage. Exemple : dans l’entrepôt on peut voir un poster utilisé par les ophtalmos pour tester la vision des patients. Au lieu de lettres au hasard, on peut lire «  »Burt is a slave driver and a cheap son of a bitch who’s got you and me here ». J’ai mis du temps à la remarquer celle-là. Mais bref, ouvrez bien les yeux, y a des trésors cachés à chaque minute.

La fin est un peu à l’arrache, mais pas nécessairement mauvaise, et évite au film de trainer en longueur. De plus, elle ouvre la porte au 4 suites qui sont venues derrière. QUE DU BONHEUR.

Je ne pourrais jamais assez insister sur cette conclusion : REGARDEZ. CE. FILM. Il n’est pas culte pour rien, il fait vraiment du bien, il met de bonne humeur, il est putain de drôle, vachement bien foutu, avec des personnages qui déboitent et des dialogues excellents. Et pour kiffer encore plus, lisez The Complete History of the Return of the Living Dead. Et moi je vais m’arrêter là, sinon je vais aussi vous pondre un bouquin.

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18 réflexions sur “Le Retour des Morts Vivants (1985)

  1. Ohhhh putain, moi aussi c’est le premier film d’horreur que j’ai vu, ou en tout cas dont je me souvienne. Ca fait super bizarre, je me sens vieille !

  2. Même si le film est vieux et que je me fais aux zombies, bah, rien que la bande annonce, ça me donnait des frissons.

    Ce qui est drôle, c’est les classiques de zombies me font plus flipper que les nouveaux. Je ne sais pas pourquoi.

    Le premier film que j’ai vu c’est « La nuit des morts-vivants » de 1990. Il m’avait bien marqué ! Celui qui m’a traumatisé c’est le jour des morts-vivants. J’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil ! 🙂

  3. Cultissime. A hurler de rire, déjà référentiel alors que le genre était encore assez jeune, bourré d’originalité et quand même flippant par moment.

    Franchement, si vous ne riez pas en voyant ce film c’est que vous êtes déjà zombifié.

    Merci pour le coup du panneau ophtalmique. Ca me donnera une autre raison de l’exhumer de ma collection de DVD un soir.

    • Aaaaahhh, ça s’appelle un panneau ophtalmiiiiique ! Putain, j’me suis bien cassé la tête pour trouver comment en parler, et en fait, ÇA A UN NOM, UN VRAI. Merci.

  4. Ah, Le Retour des morts-vivants, que de souvenirs! Un petit succès à l’époque. Quant à Linnea Quigley, en tant que grand amateur de cinéma bis et horrifique des années 80, je l’ai retrouvée dans bon nombre de productions parfois délirantes (genre de films que l’on ne voit malheureusement plus de nos jours). Elle a joué un rôle de victime dans Douce Nuit sanglante nuit (1984), s’est fait agressée par un alien en plastique après une scène de douche dans Creepozoids (1987), avant de se retrouver aux côtés de Brinke Stevens, Michelle Bauer et un génie maléfique dans Sorority Babes in the Slimeball-O-Rama (1988). Ses deux autres rôles cultes outre Le Retour des morts-vivants sont certainement dans Hollywood Chainsaw Hookers (1988) où elle intègre une secte de bimbos adeptes du culte de la tronçonneuse ou encore dans Night of the Demons (1988), de Kevin Tenney. Pour en revenir au Retour des morts-vivants, il demeure l’un de mes films favoris pour son ambiance très années 80, mais aussi pour son côté survolté et totalement décomplexé.

  5. J’allais mentionner que Linnea Quigley était aussi dans Silent Night, Deadly Night mais Will m’a devancé !
    Effectivement c’est clairement son personnage le plus marquant. Et sexy.
    J’ai bien aimé ce film, moins la suite. Par contre le 3, changeant de registre est plutôt pas mal. Le 4 j’ai commencé mais ça m’a pas captivé et j’ai pas vu plus de 10 minutes. Il vaut le coup ?

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  8. Hé bien pour ma part j’ai découvert le film avant-hier et…j’ai pas été hyper convaincu !
    Je sais pas, j’avais tellement lu de partout qu’il était culte que je m’en étais fait une montagne. Une déception au final. L’humour et le côté horrifique m’ont déçu, malgré certains p’tits trucs assez jouissifs (la moitié de chien, le zombie dégoulinant, le cul nu de Trash…
    A revoir, peut-être ?

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  11. Bonsoir,j’ai longuement entendu parler de ce film,et j’ai décidé de le voir,je n’ai pas pu finir,pas à cause du gore,simplement à cause d’un truc qui pour moi flingue tout le reste:les zombis,des zombis intelligents,invincibles,désolé pour moi c’est soit une erreur de parcours,soit du foutage de gueule complet. Je suis pas un puriste de romero,les zombis qui court comme des bêtes sauvages avec instinct primaire comme dans l’armée des morts ça me dérange pas,mais ces zombis-là,cheatés comme pas permis ça casse tout;pas d’enjeu,pas de scènes de guns,pas de morts-vivants qui se font éclater la gueule(s’ils ne meurent pas pour de bon,ça compte pas),pas de répliques badass avant un déluge de feu à la Robert Rodriguez(alors que c’est des punks,le délire aurait été quintuplé de les voir sortir un arsenal digne d’un film de guerre,pareil pour les flics qui auraient enfin pu dézinguer du hippie à la chaine sans complexe),juste un empilement de morts débiles qui n’ont plus aucun intérêt dans le sens où les zombis sont invincibles,même le côté comique est désamorcé par le côté bidonné du propos,rien de plus et la fin la plus bâclée de l’Histoire,autant sur la forme que sur le fond(plus de figurants ou de pellicule?Bon je te sort une fin bidon ouverte de notre premier jet et on n’en reparle plus). Mais au-delà du fait que le film tombe à plat avec ça,c’est que j’ai l’impression d’avoir un jeu mal codé,fait en dépit du bon sens,le genre de truc qui vous ruine votre expérience,comme la touche pause sur la console au lieu de la manette,la poignée de porte incrustée dans le décor,le boss imbattable à cause d’un bug ou simplement parce qu’il est trop fort quoi qu’on fasse,comme le monstre des version piratées de Serious Sam 3.

    Le pire,c’est qu’il y avait de bons éléments,foutus en l’air à cause du n’importe quoi de l’affaire,tout le reste,les personnages,les dialogues,les easter egg sont éclipsés,voire explosés par ce choix catastrophique;sérieusement,les protagonistes de base ont déjà du mal avec les épaves qui rament autant que windows 2000,c’était quoi le délire de mettre des zombis inutilement sur-puissants,quand on voit que d’autres films comme Zombieland ou Shaun of the dead remplissent le contrat haut la main avec un équilibre parfait entre les personnages,l’histoire et les zombis qui donnent de véritables pépites? Et je ne parlerais pas de Planète Terreur qui reprend quasiment la même histoire et nous sort un film VRAIMENT mythique avec des scènes cultes,des personnages iconiques,des scènes dantesques et badass over the top.

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