#Horror (2015) – Les réseaux sociaux c’est mal m’voyez.

#Horror est un film de Tara Subkoff dans lequel une bande d’adolescentes se retrouve traquée par un mystérieux assaillant dans une grande maison.

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Pour comprendre ce qui m’a attirée dans #Horror dès la bande-annonce, va falloir que je vous raconte un peu ma vie.

Depuis toujours, mais tout particulièrement depuis trois-quatre ans, je suis fascinée par l’adolescence au féminin. Je passe mon temps à bouffer toutes les oeuvres possible sur le sujet, je ne lis pratiquement que des romans qui parlent d’adolescentes américaines (Megan Abbott est ma référence du moment, mais il existe un paquet de dérivés similaires dans les rayons Jeunes Adultes des librairies), ça m’hypnotise et ça me fascine. Je bénis l’existence d’un site comme Rookie et des millions de Tumblr qui me permettent de me projeter dans cette réalité que je n’ai pas vraiment connue.

Si j’ai effectivement été une adolescente à un moment, j’estime avoir « raté » cette période de ma vie parce qu’elle a été sabotée par pas mal d’éléments qui m’ont empêchée de la vivre pleinement et d’expérimenter toutes ces choses que je lis et que je vois ailleurs, dans la réalité comme dans la fiction.

Du coup, quand je suis tombée sur la bande-annonce de #Horror, mon côté cinéphile a été un peu sceptique mais l’ado frustrée qui sommeille en moi s’est mise à faire des bonds – j’étais pile poil dans ce que je recherchais et j’allais pouvoir me plonger dans un nouvel univers peuplé d’ados frustrées aux parents démissionnaires et aux préoccupations aussi futiles qu’existentielles. On ne pouvait pas faire mieux pour moi que de mélanger horreur et adolescence au féminin.

Ça et le fait que ça allait aussi pouvoir satisfaire tous mes fantasmes en matière de manteaux de fourrure parce que GGGNNNN J’EN VEUX MILLE (en fausse fourrure ça va oh rangez vos pierres).

Malheureusement, le film n’a pas vraiment tenu sa promesse, que ce soit dans la catégorie film d’horreur ou dans celle des teen movies dramatiques.

#Horror #Millenials #Cyberbullying #InstagramCestLeMal

Dans #Horror, le cadre est simple : nous avons une bande de petites filles riches, une grande maison isolée, et une héroïne qui n’est pas riche mais qui cherche à s’intégrer dans cette bande, même si ça veut dire s’en prendre plein la gueule, se détester et détester ses copines. Parce que quand on est au collège, il vaut mieux être mal accompagné que tout seul dans son coin.

Leur jeu préféré ? Poster des milliards de selfies accompagnés de hashtags hasardeux pour récolter un maximum de likes, parfois aux dépens de ses copines. Elles se retrouvent donc enfermée dans cette immense baraque aux allures de galerie d’arts prétentieuse dans la campagne du Connecticut, au centre d’une forêt enneigée. En dehors de cette opulence et de leur méchanceté salement exagérée, elles font des trucs de petites filles normales : elles piquent les fourrures et les bijoux de la maman, se racontent des secrets, font des défilés, s’imaginent grandes et belles en train de poser pour les objectifs… Bref, elles jouent à la princesse, quoi.

Jusqu’au moment où une dispute éclate lorsque Cat, qui a perdu sa mère un an plus tôt et qui a du mal à s’adapter à sa nouvelle vie, va un peu trop loin dans ses insultes et se fait exclure de la maison, avant de disparaître dans la forêt. Et là, tout part en sucette. Quelqu’un, quelque part, semble observer les jeunes filles et poste des photos et des vidéos d’elles avec des hashtags insultants, avant de s’en prendre directement aux membres de la bande, laissées seules dans cette demeure isolée.

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John Carpenter ou Sofia Coppola, il faut choisir

D’un côté, on comprend bien l’intention de la réalisatrice et scénariste Tara Subkoff : pousser l’horreur du harcèlement en ligne à l’extrême, en exposer les limites et les conséquences et râler avec panache sur le narcissisme des adolescentes qui ne vivent plus que pour leurs followers et la gloire qu’ils peuvent leur apporter.

Ça n’a rien de nouveau ni de très subversif, mais après tout pourquoi  pas. En ce qui concerne l’horreur, on peut aussi bien se démarquer avec un concept totalement nouveau (comme It Follows) qu’en reprenant des codes vieux comme le monde (comme en témoigne la filmo récente de James Wan avec Insidious et The Conjuring). Mais dans le cas de #Horror, ça tombe complètement à plat de ce côté là.

On connait les dérives des réseaux sociaux, on sait qu’il faut surveiller les gosses et faire gaffe à ce qui se dit et ce qui se partage, parce que les enfants sont sans pitié et ne se rendent pas toujours compte des conséquences de leurs actes. On sait qu’on a poussé le délire du nombrilisme à son paroxysme depuis qu’internet et les réseaux sociaux sont arrivés, on documente tous les aspects de notre vie, on se montre sous toutes les coutures et oui, on accorde une importance plus ou moins grande au nombre de followers et de likes qu’on amasse. Quitte à aborder le sujet, autant y aller à fond ou ne pas y aller du tout.

Mais Tara Subkoff qui, si on en croit ses diverses interviews, nourrit une véritable passion pour l’horreur depuis toujours, n’échappe pas pour autant à son passé de créatrice de mode – deux univers qui, s’ils avaient été bien équilibrés, auraient pu donner quelque chose de vraiment stylé. Ici, ça donne juste l’impression qu’elle n’a jamais réussi à choisir entre John Carpenter et Sofia Coppola, et les deux influences ne se complètent pas puisqu’elles n’arrivent vraiment jamais à s’entremêler.

« Si je mets des emojis ça fera plus djeun’s ! »

L’autre souci, c’est la mise en scène. Tara Subkoff a voulu expérimenter des trucs en bombardant l’écran de captures d’écran fictives extraites d’un réseau social quelconque, mais version Tumblr sous LSD. Résultat, tout au long du film, on voit des trucs dans ce genre :

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Tout le film en est parsemé, ça arrive en rafales, on a à peine le temps de lire ce qui se trouve sur l’écran que ça passe à autre chose et c’est blindé de bruitages à la con totalement absurdes. Encore une fois, je comprends l’intention, mais c’est extrêmement fatigant et mal branlé, ce qui rend le tout totalement insupportable.

Le message « ATTONTION LÉ RÉZO C DONJEUREU APRÉ LÉ ZENFAN I PLEURE ET PTET I MEURE OCI !!!!!! » est mitraillé tout au long du film avec une lourdeur insupportable qui pourrit tout le reste. Les quelques scènes décentes (généralement celles où les ados discutent, s’amusent, vivent leurs fantasmes) sont gâchées par toute cette mise en scène aux gros sabots.

Et malheureusement, quand ça shifte et que ça passe aux choses sérieuses, on a décroché depuis longtemps et on s’en bat complètement les reins de ce qui peut bien arriver aux petites. Les premières scènes d’exposition ont tout fait pour essayer de nous signaler que certaines d’entre elles avaient un passé un peu trouble et soulève plein de questions auxquelles on n’obtient jamais de réponse, parce qu’on est trop occupés à parler de hashtags et de likes.

Le résultat final n’est donc qu’un immense brouillon un peu foiré avec pas mal de potentiel qui m’a complètement laissée sur ma faim, et je trouve ça bien dommage parce que j’avais très envie d’y croire. Et surtout, c’était bien la peine de faire tout un foin autour de la présence de Chloë Sevigny, Natasha Lyonne et Taryn Manning, pour ce qu’on les voit hein.

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