Uninhabited (2010) – Camper, c’est mourir un peu

Uninhabited est un film australien réalisé par Bill Bennett dans lequel deux amoureux décident de s’exiler sur une île « déserte » pendant 10 jours. Mauvaise idée.

Ah, l’Australie… C’est marrant comme plus le temps passe, moins j’arrive à croire à la possibilité que quelque chose de bon puisse sortir de ce pays. En dehors des films, j’veux dire. Parce que le cinéma d’horreur australien et moi, on est potes depuis Wolf Creek, et c’est pas près de s’arrêter là. Et finalement, ces films ne font que décupler le sentiment d’horreur que m’inspire ce pays. D’après mes propres statistiques, en naissant en Australie, on a 98% de mourir avant 30 ans. Dur, hein ?

Suicide Club Med

Bon, alors quand on sait ça, qu’est-ce qu’on fait ? Bah on évite de prendre des risques inutiles, déjà. Sauf quand on s’appelle Beth (en même temps, avec un nom pareil hein…). Beth est une jeune biologiste marine qui décidé d’embarquer son mec, Harry, camper sur une île déserte pendant dix jours. Alors avant même de parler des dangers de l’île, parlons de la connerie de cette idée : aller camper, c’est déjà une sacrée grosse idée de merde. Aller camper sur une île déserte, ça veut dire se faire conduire là-bas par un mec et lui donner rendez-vous dix jours plus tard. Donc ça veut dire qu’ils n’ont aucun moyen de quitter l’île rapidos, ils ont juste un petit téléphone satellite pour demander au mec de rappliquer au plus vite si y a un souci.

Dix jours là-dessus ? Easy peasy, j’vois pas le souci.

Bon. Ensuite : DIX JOURS ?! Genre un weekend c’était pas suffisant ? Nan, faut aller passer dix putain de jours en tête à tête sur un gros tas de sable, entourés de requins ? Et alors excusez-moi de poser le problème aussi brutalement hein, mais… être obligée d’aller faire caca dans les bois et de me laver dans l’océan pendant dix jours, c’est pas tout à fait l’idée que je me fais du romantisme. Mais c’est p’tet juste moi, hein.

Donc déjà : grosse idée moisie. Ensuite, il se trouve que cette île n’est évidemment pas si déserte que ça… Et pour couronner le tout, Beth et Harry sont cons comme des palourdes, alors techniquement, ils méritent un peu les galères qui leur tombent sur la gueule. Exemple : quand tu en arrives à dire que les gens qui viennent foutre le bordel dans tes affaires et te filmer quand tu dors, sont probablement les enfants d’un autre groupe qui squatte l’autre côté de l’île, c’est que déjà, tu joues dans la cour des grands niveau naïveté. Ensuite, quand tu cherches partout et que tu ne trouves pas les enfants en question, c’est qu’il faut s’inquiéter. Mais non, au lieu de ça, joue donc au commando en te tartinant de charbon avec ton mec et en courant comme des gros débiles dans les bois, c’est bien mieux tiens.

Et puis tant que t’y es, pars faire le couillon dans les bois au milieu de la nuit, rentre donc dans cette étrange cabane délabrée d’où sort une drôle de voix, et surtout, surtout : ne garde jamais, jamais ton téléphone satellite près de toi. Jamais. Tu pourrais en avoir besoin, et ce serait dommage de pouvoir le trouver directement dans ta poche, ça tuerait un peu le suspense.

 Tiens, j’aimerais bien décéder aujourd’hui.

La crédibilité d’un artichaut en slip léopard

Mais la connerie des personnages n’est pas le plus gros problème d’Uninhabited – c’est pas comme si on avait l’habitude de voir des génies de la logique dans les films d’horreur hein, sinon personne ne mourrait jamais. Nan, ce qui déconne vraiment, ce sont les deux acteurs principaux. Geraldine Hakewill et Henry James forment le couple le moins crédible de l’histoire du cinéma. Il n’y a aucune alchimie entre eux, on dirait qu’ils viennent de se rencontrer et leurs moments d’intimité paraissent tellement forcés qu’ils en deviennent gênants. Je ne sais pas si y en a un qui a couché avec la mère de l’autre avant le début du tournage ou quoi, mais ça collait clairement pas entre ces deux là. Même au niveau des dialogues, tout dans leurs conversations donne l’impression qu’il viennent de se rencontrer et qu’ils ne connaissent absolument rien l’un de l’autre. Résultat : on a deux personnages agaçants qui en plus n’ont aucune espèce de crédibilité en tant que couple – et ça rend l’expérience un peu pénible.

Et euh… c’est quoi ton nom, déjà ?

En dehors de ça, c’est magnifiquement bien filmé, c’est joli comme tout et ça donnerait presque envie – j’ai dit PRESQUE – d’y aller. Le film prend le temps de poser son ambiance, mais ça passe super bien vu qu’on est arrosés d’images merveilleuses de paysages paradisiaques – y a pire façon de passer le temps. Et même si les synopsis et les trailers spoilent tous la source des évènements chelou qui perturbent le quotidien de Beth et Harry, moi j’vais rien dire parce que j’suis cool. Et parce que je me suis lancée dans le film sans savoir à quoi m’attendre et que du coup, la révélation s’est plutôt bien passée.

Bill Bennett maîtrise assez bien la dégradation de l’ambiance et fait bien monter la sauce – mais Uninhabited n’est pas un film flippant, ne vous attendez pas à dormir avec la lumière allumée après ça. Il est inquiétant, intriguant et pas super réjouissant, mais il n’a rien de traumatisant. Par contre, notez bien le « basé sur une histoire vraie » annoncé par le film, parce que y a moyen de bien bien rigoler. Y a un moment où faut arrêter de nous prendre pour des jambons, aussi. Bientôt on va nous sortir un film d’invasion extra-terrestre avec la même tagline tiens. Sans déconner.

Pour résumer, Uninhabited est un beau film, servi par des acteurs qui puent du bec, mais qui reste plutôt efficace – sans grande prétention, il ne donne pas pour autant l’impression d’avoir perdu son temps, et c’est déjà une bonne chose. Mon amour pour les films de genre australiens reste donc intact, et ma peur panique du pays aussi, et ça c’est cool.

6 réflexions sur “Uninhabited (2010) – Camper, c’est mourir un peu

  1. Haha, j’aime bien, ils sont seuls, en amoureux, sur une île déserte et ils gardent leurs fringues, ils se foutent même en maillot pour nager. Très crédible!

  2. Tiens c’est marrant, j’ai moi aussi cet étrange sentiment que si un jour je mets les pied en Australie je vais forcément y laisser ma peau. Si je réchappe aux requins, aux crocodiles, aux serpents venimeux, aux énooooormes araignées et autres bébètes qui pique ou mord, je vais forcément tomber sur un taré (cf wolf creek) ou un sanglier sanguinaire (cf razorback) ou un kangourou en colère (cf skippy, nan je déconnes).
    Sans dèc, ce pays me fascine autant qu’il me fait peur.
    Ceci dit la petite île je veux bien la prendre si on me l’offre :)))

  3. nan puis y’a également le gros facteur de la poilade de l’accent (je crois que je m’habituerai jamais)

    en tout cas Jack, je sais pas si je regarderai le film ou pas, mais laisse moi te dire que ta revue était la meilleure revue que j’ai jamais lue, et que je me suis fait pipi dessus de bout en bout tellement je rigolais. Bravo.

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