In Fear (2013) : Promenons-nous dans les bois…

Un jeune couple, une voiture, un labyrinthe et un mystérieux assaillant, voici les ingrédients d’In Fear, de Jeremy Lovering. Et c’est une réussite.

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Arrêtez-moi si vous avez déjà entendu cette histoire : un jeune couple se rend en voiture vers un festival au fin fond de l’Irlande et décide de s’arrêter pour passer une nuit dans un petit hôtel perdu dans la campagne. Mais un élément extérieur bien mal intentionné va immédiatement s’assurer de leur faire passer la pire nuit de leur vie, les terrorisant par tous les moyens possibles et imaginables. Ça vous parle ? C’est normal, c’est pas le pitch le plus original du siècle.

Mais comme l’ont si bien prouvés les réalisateurs les plus talentueux, le secret d’un bon film ne réside pas forcément dans l’originalité de son concept – je me permets d’invoquer une fois de plus le grand James Wan qui s’en sort très bien avec des thèmes tout à fait classiques (si on oublie Insidious 2, qui n’était vraiment, vraiment pas au même niveau) (mon coeur ne se remet toujours pas de cette déception).

C’est donc dans ce contexte et avec cette histoire que débarque In Fear, de Jeremy Lovering. Un film au scénar tout à fait basique, qui se paye le luxe d’innover et d’instaurer une grosse tension sur trois actes distincts. Pour les références, ça se place entre Dead End de Jean-Baptiste Andrea et Fabrice Canepa pour l’intrigue et Wolf Creek de Greg McLean pour l’ambiance, l’antagoniste et le ressenti final.

Trois p’tits tours et puis s’en vont plus jamais de la vie

In Fear, c’est donc l’histoire de Lucy (Alice Englert, vue dans Beautiful Creatures) et Tom (Iain de Caestecker vu dans Agents of S.H.I.E.L.D.), deux jeunes gens qui se fréquentent vaguement depuis deux semaines et qui décident de partir ensemble pour un festival en Irlande, où ils rejoindront leurs amis respectifs parce que bon, ça fait que deux semaines, on va quand même se calmer sur l’engagement express. Sur la route, ils s’arrêtent dans un petit pub dans un village paumé, où Tom raconte avoir eu un petit différend avec les buveurs locaux – rien de grave, puisqu’il a ensuite payé sa dette en offrant une tournée générale.

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Il annonce ensuite à sa nouvelle conquête qu’il leur a réservé une petite chambre dans un hôtel isolé, histoire de faire deux-trois galipettes avant de rejoindre leurs potes. L’hôtel étant perdu dans la campagne, ils galèrent à le localiser malgré les pancartes disséminées à chaque virage et se rendent bien vite compte qu’ils ne font que tourner en rond. Impossible de revenir en arrière, impossible de trouver l’hôtel, ils sont donc complètement coincés dans un labyrinthe de petits chemins terreux. L’idée même qu’on puisse se retrouver coincé alors qu’on est bel et bien entré par un endroit et qu’on est dans une bagnole, sur une route, et que la logique voudrait que la route débouche quelque part, a quelque chose de particulièrement angoissant.

Et comme si ça ne suffisait pas, quelqu’un s’amuse à les tourmenter et à foutre encore plus de bordel dans leur nuit déjà bien pourrave en leur jouant des petits tours pas très sympathiques. Évidemment, ça ne s’arrête pas là, et évidemment, ça ne fait qu’empirer, sinon ce serait pas marrant, et on ressort de là avec une petite boule dans la gorge et la satisfaction (dans mon cas) d’habiter dans une grande ville et de ne pas avoir le permis.

Une recette efficace et maîtrisée

Résultat, on se retrouve au coeur d’une intrigue complètement claustro, bercée par une bande originale impeccable. Le film parvient à maintenir la tension du début à la fin sans avoir recours à la facilité et s’offre même deux ou trois retournements de situation – certains très prévisibles (ce qui n’a rien de gênant), d’autres complètement surprenants. Au final, on obtient un film découpé en trois actes qui offrent chacun leur lot de surprises, de pression, et de petits twists délicatement orchestrés. Rien de Shyamalanesque à prévoir au programme, on ne se sent pas arnaqué une seule seconde et tout fait sens à la fin du film – qui nous laisse avec une petite brindille de stress en travers de la gorge lorsque le générique commence à défiler.

Jeremy Lovering s’est permis de jouer un peu avec ses acteurs pour parfaire leur performance en ne leur fournissant qu’une ébauche de script et des guidelines basiques pour les dialogues, pour apporter un peu plus de réalisme au rendu final. Alice Englert et Iain de Caestecker n’étaient donc pas au courant de toutes les surprises que leur réservait le scénario – le but de Lovering étant d’instiller autant de frayeurs authentiques chez ses acteurs que possible. Leur frustration, leurs angoisses et leurs peurs sont donc tout à fait palpables et plus faciles à partager du point de vue du spectateur. Même bien à l’abri derrière notre écran, on ne se sent pas super à l’aise et pas vraiment en sécurité.

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Et c’est finalement ce qu’on recherche devant un bon film d’horreur : une oeuvre qui parviendra à nous déstabiliser, qui nous poussera à remettre notre sentiment de sécurité en question, une histoire capable de nous fragiliser, au moins pour quelques instants. In Fear y parvient très bien, sans avoir à se reposer sur des vieux mécanismes usés – chaque sursaut est justifié et justement dosé, il n’y a pas de surenchère, on ne se sent pas floués, ni abusés. On a pas non plus l’impression de perdre son temps ou de voir le réalisateur tenter mollement d’en gagner pour atteindre son heure et demie de pellicule réglementaire.

Et même dans ses scènes les plus prévisibles, le film parvient à maintenir la tension. Parce qu’on a beau se douter de ce qui arrive, on ne sait absolument pas quand ni comment ça va arriver, puis on finit par douter de nos certitudes, et quand le couperet tombe, c’est avec suffisamment de délicatesse pour qu’on puisse apprécier la chute et ses conséquences.

Point bonus : le film est très beau et se démerde très bien avec son budget et ses décors pour nous plonger dans une ambiance à la fois glauque, glaciale et malsaine qu’esthétique – et c’est toujours une bonne chose.

En clair, c’est une réussite. Et je vous le recommande chaudement.

5 réflexions sur “In Fear (2013) : Promenons-nous dans les bois…

  1. chronique très alléchantes, mais il est déjà sortis? ou il va sortir? je ne trouve pas d’info sur le net.

    Et pour insidious le 2 ne vaux pas le coup? j’ai recherché sur ton site (peut-etre mal) mais j’ai pas trouvé de critique.

  2. (attention, gros spoiler au milieu de ce commentaire) Alors, après avoir lu ta critique j’ai foncé voir ce film remplie d’enthousiasme (t’as vu comment je te fais confiance hein). Eh bien c’est vrai qu’il est bien goupillé, bien stressant et tout. Les acteurs sont très crédibles, l’atmosphère bien opaque. Mais quand même, ils sont un peu couillons tous les deux ! donc la fin je la trouve moyen crédible ATTENTION SPOILER: quand elle ne voit plus Tom et qu’il y a un bidon d’essence sur son siège son premier réflexe c’est même pas de tout vérifier dans la voiture, genre YOUPIIIII on m’a donné de l’essence youhou c’est trop bien mon mec a disparu et je m’en fous ! (en même temps je peux la comprendre, il me tapait sur le système l’autre abruti). Et puis je sais pas mais perso, si je décide de sortir de la voiture je reste cramponnée à mon mec pour être sûre que l’un de nous ne disparaisse pas. Mais elle, elle part tranquille devant alors que son mec est blessé et derrière. Bon, bref, la fin m’a énervée car je la trouve un peu tirée par les cheveux. Mais c’est bien trouvé quand même, bien tordu. Mais énervant. Mais bien trouvé. Oui enfin bref tu auras compris l’idée 😉 j’ai peut être pas tout compris, il y a sûrement des choses qui m’ont échappé donc si tu peux m’éclairer sur cette fin bizarre, je t’accueillerai comme le Messie du film d’horreur.

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