Blair Witch 2: Le Livre des Ombres – Comité de Défense des Films Pourris

Blair Witch 2: Le Livre des Ombres, réalisé par Joe Berlinger, est un film qui a été bien trop sévèrement jugé par nombre d’entre vous, qui ne réalisent pas qu’il s’agit en réalité d’un film bien plus intelligent qu’il n’y parait.

treacle

Les pires ennemis des films d’horreur ne sont pas nécessairement les mauvais réalisateurs, mais ceux qui sabotent le travail de personnes bien intentionnées qui tentent de nous offrir des concepts originaux sans nous prendre pour des billes. Une des preuves les plus parlantes de ces sabotages bien trop fréquents perpétrés par les producteurs et les distributeurs reste Blair Witch 2: Le Livre des Ombres. Considéré aujourd’hui comme une très mauvaise suite qui a tenté de surfer maladroitement sur le succès du premier volet, il s’agit en réalité d’un film intéressant, bien foutu, et bien plus intelligent qu’il n’y parait.

Et j’ai encore beaucoup de mal à convaincre ceux qui l’ont jeté à la poubelle après le premier visionnage. Du coup, je vais tenter de vous persuader de donner une seconde chance à cette suite qui a beaucoup plus à offrir que ce que vous pouvez penser.

Dans Blair Witch 2: Le Livre des Ombres, le réalisateur Joe Berlinger a décidé de s’éloigner des procédés utilisés dans Blair Witch premier du nom – la technique du found footage a été abandonnée et un nouveau prétexte a été trouvé pour envoyer une bande de jeunes gens innocents dans les bois. Pour ajouter une petite dimension meta au film, l’action se déroule dans notre réalité, celle où le premier Blair Witch existe en tant qu’oeuvre de fiction, avec tout ce que ça a engendré. Le marketing viral, l’engouement des foules, les théories du complot, tout est mentionné et utilisé, de manière à bien nous faire comprendre qu’on nous prend pas pour des cons en essayant de nous refaire le coup de « eeeeh, ptet que la sorcière de Blair existe et que l’histoire du premier film était réelle, on sait paaaas« . Dans Blair Witch 2, la bande au centre de l’intrigue est là spécifiquement pour enquêter sur les circonstances du premier film, pour tenter de démêler le vrai du faux et se taper un petit pèlerinage sur les lieux du crime/du tournage en espérant découvrir quelque chose d’inédit ou au moins s’offrir quelques frissons.

kimerica

Les personnages correspondent tous à un stéréotype plus ou moins marqué – avec une mention spéciale pour Kim, la gothique de service qui fume ses clopes allongée sur une tombe et qui agrémente sa tenue de mèches de cheveux bleues et de fard à paupière noir appliqué à la truelle (c’était donc mon personnage préféré à l’époque, mon modèle, mon idéal, tout ça quoi). Le film est sorti en 2000, et contient donc tout un tas de codes spécifiques à cette glorieuse époque post-Scream, en pleine période Marilyn Manson (présent dans la B.O., évidemment, bien que ce ne soit pas une décision du réalisateur) et nous offre donc une grosse tranche de nostalgie treize ans plus tard.

Histoire de coller quand même un peu au concept du premier film, chaque personnage a gardé le prénom de l’acteur qui l’incarne (Kim est joué par Kim Director, Erica par Erica Leerhsen, Jeffrey par Jeffrey Donovan, etc). Mais cette fois, personne n’essaye de nous faire croire qu’il s’agit d’une histoire « vraie ». Tout tourne autour des retombées du premier film et de tout ce que ça a pu engendrer, comment les habitants de Burtkittsville, petit bled paumé du Maryland, ont vécu le succès soudain de leur ville, comment de jeunes entrepreneurs (tels que Jeffrey) ont réussi à construire un business autour du film (en organisant des visites et en vendant des goodies estampillés Blair Witch), comment des gens de tous les pays se sont précipités dans le coin pour tenter de reproduire le périple du trio du premier film, etc.

L’objectif de Joe Berlinger lorsqu’il a réalisé cette suite n’était donc pas de nous offrir une vieille histoire réchauffée toute pourrie et stéréotypée à la race pour se faire du blé, mais bel et bien de nous offrir un scénario original, travaillé, et capable d’être revisité plusieurs fois avec plaisir. Le but premier était d’analyser le succès de Blair Witch et l’impact que les médias peuvent avoir sur nos petits esprits fragiles, ainsi que la frontière entre le mythe et la réalité et notre manière de l’appréhender. C’est une petite étude modeste sur les mouvements de foules et l’influence qu’un phénomène populaire peut avoir sur son public.

kim

Le film regorge de petites surprises, de secrets, de messages auxquels personne n’a fait attention mais qui risquent bien de vous faire péter le cerveau une fois que vous les aurez captés.

Mots dissimulés dans le décor, visages qui apparaissent en plein milieu du paysage sans que vous ne vous en rendiez compte, phrases à reconstituer en fin de film, références subtiles au premier film ainsi qu’à d’autres nombreux classiques – il s’agit d’une véritable chasse au trésor qui a été complètement saccagée par la prod. Le montage a été altéré, fracassant complètement l’effet de surprise initialement prévu par Berlinger, des scènes de gore complètement inutiles ont été rajoutées pour rendre le film plus attrayant, et plusieurs modifications ont été imposées pour tenter d’en faire la suite rentable qu’ils souhaitaient – du genre de celles qu’on déteste parce qu’elles nous prennent pour des idiots et qu’elles puent la pompe à fric à cent mètres à la ronde. C’est finalement ce qui est ressorti du film et ce qui a fait qu’on l’a tous profondément détesté et jeté au feu sans un regard en arrière. Seuls ceux qui ont acheté le DVD et écouté le commentaire de Joe Berlinger savent ce que le film aurait pu être, si on l’avait laissé tel quel au lieu de le massacrer sans vergogne.

Sans compter que, visuellement parlant, Blair Witch 2 offre ce qu’il faut d’images malsaines, de décors intéressants, et de plans bien foutus – sauf quand il s’agit des images rajoutées par la prod pour faire du chiffre, évidemment.

Mais tout ce que j’ai pu vous dire n’est rien comparé à tout ce qui est exposé dans cet épisode de Good Bad Flicks qui passe en revue tous les points forts de Blair Witch 2, son histoire, ce que Joe Berlinger a vraiment voulu faire, ce que la production a saboté, et tous les petits messages cachés que vous avez très probablement ratés lorsque vous l’avez vu et jugé la première fois. Faites-moi plaisir, allez vous faire un petit café, installez-vous confortablement, et regardez cette vidéo dans son intégralité.

Si avec ça vous n’avez toujours pas envie de redonner une chance au film et de revoir votre jugement à la hausse, je ne veux plus vous voir (non, c’est faux, revenez, je vous aime).

En attendant la sortie d’un éventuel director’s cut un de ces quatre, je vais donc remater Blair Witch 2 pour la sixième fois parce que la vie est courte et que j’fais c’que j’veux d’abord, putain, manquerait plus que je vous rende des comptes en plus, non mais sans déconner, merde à la fin.

8 réflexions sur “Blair Witch 2: Le Livre des Ombres – Comité de Défense des Films Pourris

  1. Super intéressante cette vidéo. Quel gâchis de la part des studios d’avoir voulu faire un film d’horreur basique alors qu’avec tous les éléments expliqués dans la vidéo, le film aurait pu être un film aussi bizarre et flippant que le premier. J’aimerais voir une version director’s cut, ça attise ma curiosité 🙂

  2. Absolument d’accord avec ce qui est écrit, le film a été décrié bien trop vite à mon (notre) gout.
    Je me souviens aussi qu’à l’époque de la sortie du film, j’étais tombé sur un livre expliquant beaucoup de choses sur les différents protagonistes de cette suite, ainsi que sur Rustin Parr, ce qui permettait un autre jugement des personnages après une second visionnage. Vivement un troisième épisode aussi bien réfléchit.

  3. Je dois dire que ton article et la vidéo me donnent une envie folle de revoir le film – je me rends compte que je suis complètement passée à côté (pour ma décharge j’avais 11 ans ^^)

  4. J’ai bien aimé (dois je avoir honte?). Difficile de produire une suite de Blair Witch (on crée une série à la paranormal activity ou on prend un gros virage radicalement différent?). Merci pour les infos supplémentaires

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