Pour sa première contribution au Blog Horreur, Ross Stewart vous emmène faire un tour en 1980 au pays des cannibales, avec une revue rétro du classique de Joe D’Amato, Anthropophagous. Je compte sur vous pour lui réserver un accueil chaleureux, on n’est pas chez les sauvages ici.
Fan des vieux films d’horreur des années 80-90, je m’évertue encore aujourd’hui à dénicher de vieilles pépites qui viendront agrandir ma collection. Bien sûr dans le tas j’ai eu le droit à mon lot de perles et d’étrons (mais c’est aussi ça la vie d’aventurier du 7ème art).
Et disons le tout de suite, le film qui nous intéresse aujourd’hui, Anthropophagous appartient à la deuxième catégorie. Il a été réalisé par le très prolifique Joe D’Amato, réalisateur et scénariste Italien. De son vrai nom Aristide Massacesi, le cinéaste a utilisé un nombre incalculable de pseudonymes durant sa carrière et a inondé le marché des années 70 jusqu’aux années 90 de centaines et de centaines de métrages. Il a commencé par du western puis s’est tourné vers l’horreur (sans limite pour le gore, voire l’érotique, du moment que ça fait vendre), avant de terminer sa carrière en tournant des films pornographiques. (pour plus de détails je vous invite à allez voir sa biographie détaillée sur Nanarland)
Sorti en 1980, le film s’est attiré une réputation de film extrême à cause de deux scènes qui, à l’époque, étaient vraiment choquantes : une scène où le méchant anthropophage arrache un foetus du ventre de sa mère pour le manger, et une où il se mange lui même après s’être pris un coup de pioche dans le bide.
Pour la petite histoire certains ont cru qu’il s’agissait d’un véritable foetus et D’Amato a appuyé cette rumeur pour promouvoir son film. Du coup Anthropophagous a fait partie des vidéos Nasties, une liste de métrages totalement interdits en Grande Bretagne durant 20 ans, et a récupéré au passage l’aura d’un film culte. Mais le temps a passé et aujourd’hui l’oeuvre de D’Amato serait plutôt a ranger du côté des vieux films mous du genou et peu inspirés.
Pourtant le pitch était alléchant (un groupe d’amis perdus sur une île avec un maniaque anthropophage) et tout commençait plutôt bien (si on fait abstraction de la réalisation qui a pris un sacré coup de vieux, et de la bande son qui est un supplice à elle seule). Allan et ses potes veulent profiter des vacances pour louer un bateau et visiter des îles grecques. Mais avant d’embarquer ils font la connaissance de Julie et acceptent de l’amener sur une petite île où ne réside qu’une poignée d’habitants. Pourtant, arrivés sur place ils ne trouvent personne, le village est désert (ou presque puisqu’ils aperçoivent une femme à une fenêtre, mais bien sûr impossible de mettre la main dessus !). Et la tension continue de monter quand ils découvrent que leur bateau n’est plus à quai. D’Amato prend son temps pour poser le cadre et se sert habilement du village inhabité pour créer une ambiance oppressante. Un malaise palpable s’installe alors dans le groupe et grandit de minute en minute. Surtout que la voyante de service se sent mal à l’aise depuis le début et ressent une présence puissante et maléfique…
Mais là, alors que la tension est à son comble, on se rend compte que… ben qu’il ne se passe pas grand chose en faite, et on commence à s’ennuyer sévère. Le gore tant promis ne vient que par légères vagues. Et encore plutôt des vaguelettes. J’ai franchement eu du mal à rester concentré tellement le film est lent. Les personnages trouvent toutes les raisons du monde de se séparer, mais ils mettent un temps fou à se faire décimer. Et il faudra attendre le dernier quart d’heure pour que l’autre crève la dalle se remue un peu.
En plus le film n’est pas si trash que ça, surtout au vu des standards contemporains. Alors c’est vrai que dans le concept la scène du foetus est bien dégueulasse, mais aujourd’hui on a vu tellement pire que l’effet ne marche tout simplement plus (parce que il ne l’arrache pas vraiment du ventre, il met sa main sous la robe de la nana et, hop magie, il en sort le foetus tout prêt à être dégusté). J’ai aussi été très déçu que le méchant soit juste un grand mec à l’air pas très sympa. C’est bien beau de nous vendre une « mystérieuse puissance néfaste et inhumaine dégageant des vibrations d’une force incroyable », mais si c’est pour nous refourguer au final un grand clodo mal rasé, non merci !
En conclusion, Anthropophagous n’est qu’une sombre merde et aujourd’hui, hormis une passion dévorante pour les vieux films d’horreur, ou une sérieuse tendance masochiste, rien ne justifie vraiment de s’infliger un tel spectacle. Dans le même style, mais en mieux, Premutos a le mérite d’être mieux rythmé et bien plus crado.
Par Ross Stewart